L’adaptation scolaire des étudiants internationaux, regard d’un professeur

30 juillet 2021




Bonjour Marie-Josée, tu veux bien te présenter à ceux qui nous lisent?


Je m’appelle Marie-Josée Charrier, je suis étudiante au doctorat en sciences humaines et interdisciplinarité à l’Université Laurentienne. J’ai aussi complété une maîtrise en santé interdisciplinaire et un baccalauréat en sciences de la santé (orthophonie). Je m’intéresse à tout ce qui touche la communication tant interpersonnelle que médiatisée. Je suis de nature curieuse et 


Q: Depuis combien de temps enseignes-tu?


J’enseigne l’introduction à la communication à l'Université de Sudbury; c’est un cours offert au programme de journalisme, mais c’est aussi un cours au choix pour des étudiants de divers milieux. En 2020, cela à été ma première expérience d'enseignement à distance et avec des étudiants internationaux.


Q: Comment as-tu vécu cette première rencontre d’enseignement ?


J’avais un peu peur de l’inconnu, vont-ils me comprendre? vais-je les comprendre? beaucoup de craintes par rapport à des doutes non fondés. Toutefois, il y a eu des ajustements progressifs et sans crises.


J’avais déjà une expérience préalable au Maroc où j'étais allé donner une conférence. J'avais alors constaté que le système universitaire est bien différent d’ici. J’ai vu que les étudiants avaient un grand respect pour les professeurs. 

Avec la Covid, il a aussi fallu revoir les méthodes d’enseignement , j'étais en état de test et d'adaptation sur différents plans.


Q: Quels étaient tes constats?


Les étudiants ne posaient pas beaucoup de questions. Toutefois il faut aussi faire un lien avec l’effet Zoom. Suivre des cours à distance, ce n’est pas du tout évident. Il fallait aussi faire des liens entre les informations et les expériences personnelles. On pouvait parfois observer davantage de restitution de ce que le professeur avait dit qu’une analyse critique et personnelle. 


J’ai compris que c'était une différence dans le système éducatif car ici, dès le primaire, on demande aux enfants de faire des présentations et d’exprimer leur point de vue.


J’ai également observé une différence dans le style rédactionnel et la manière de formuler les réponses. J’ai surtout ressenti un grand respect du professeur.


Q: Quels sont les problèmes qu’ils ont mentionnés?


Pas tellement, beaucoup étaient discrets et certains étaient en pleine adaptation avec le décalage horaire. Il y avait également l’enjeu des cours à distance. Je leur ai d’ailleurs présenté tous les services d’aide aux étudiants. Le plus dur pour moi était de faire la différence entre ce qui relève du culturel et du naturel. Heureusement qu’avoir des collègues multiculturels, ça aide.


Q: Quels conseils donnerais-tu à d’autres professeurs?


  • Bien structurer son cours pour ne pas insécuriser les étudiants

  • Donner des exemples concrets de ce qu’on souhaite obtenir comme travail

  • Parler de sa propre expérience face à la différence culturelle pour briser la glace

  • Leur donner des exemples de la culture d’ici, leur parler des activités qui se passent dans leur communauté d’accueil.

  • Écouter leurs expériences personnelles et culturelles qu’ils ont vécu dans leur pays 

  • Simplement leur poser la question : qu’avez-vous fait cette semaine? J’ai remarqué qu’en discutant de nos activités quotidiennes, je peux leur faire connaître un peu plus ma communauté. Mais je peux aussi avoir une idée des moyens qu’ils prennent pour s’adapter au milieu universitaire et percevoir s’ils rencontrent des difficultés.


Q: Un dernier mot?


Ne pas oublier que les étudiants ne se connaissent pas forcément entre eux et que l’appui des pairs peut être limité. C’est important de créer une atmosphère détendue pour que tous les étudiants se sentent à l’aise et puissent créer des liens.


Propos recueillis par Yann Vivette TSOBGNI.

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