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La queue de cheval chez le peuple Bamiléké

March 25, 2021



Ethnie de l’Ouest Cameroun, qui sont au juste les Bamilékés ?


« Ce qui caractérise ce peuple », écrit le révérend père Engelbert Mveng, prêtre jésuite et intellectuel camerounais, « c’est à la fois une ardeur au travail qui ne compte guère beaucoup de concurrents sous les tropiques, un esprit d’économie et de prévoyance qui ne va pas sans une certaine âpreté au gain, une intelligence pratique rare, un individualisme qui s’allie paradoxalement à une vie communautaire sans fissure ».

En fait, l’ethnonyme désigne les populations semi-bantou qui peuplent majoritairement les hauts plateaux de l’Ouest camerounais. Au-delà de leur unité culturelle, il s’agit en réalité d’un agglomérat de peuples apparentés qui s’expriment dans de multiples dialectes, tout en affirmant chaque fois une identité spécifique, distincte de celle qui leur est commune. JB Onana, 2016.La symbolique de la queue du cheval en pays Bamiléké est née vers le XVIe siècle à la suite des incursions punitives de la cavalerie guerrière peule, qui les ont notamment forcées à traverser le Noun.

Les Peuls, fervents cavaliers, disposaient de chevaux, ce qui était très étranger aux Bamiléké, qui n’avaient jamais vu un animal transporter un homme et capable de courir à une vitesse déconcertante.

Le cheval était alors considéré comme un animal surnaturel dompté par des individus hors du commun, des extra-terrestres.




Les guerriers Baleng n’avaient jamais eu le courage d’affronter ces cavaliers, car il s’agissait, selon eux, d’animaux et de personnes extraordinaires.

Pourtant, un jour, un homme hardi, armé de courage du fait du massacre de sa famille par les cavaliers étrangers, se résolut à attaquer l’ennemi de front. Il était archer, et dans un guet-apens, il fit trébucher un cheval, tua le cavalier et coupa la queue de la bête.

Quand il se rendit au palais, le Fô n’en crut pas ses yeux : Le courageux Baleng tenait en main la queue du cheval qu’il venait de couper.

Le Fô organisa alors une grande fête pour célébrer la victoire sur l’ennemi, en brandissant la queue de cheval, comme un trophée. L’animal et le cavalier jadis considérés comme surnaturels pouvaient donc être vaincus? La queue du cheval en était la preuve irréfutable !



Depuis lors, le pays Bamiléké décida de faire de la queue du cheval le symbole de victoire: Victoire sur l’ennemi ; victoire sur le désespoir ; victoire sur la mort. Victoire sur la mort?

Oui, car les Bamiléké, tout comme tout descendant du Nil, ne détestent pas la mort. C’est une descendance qui pleure le disparu, puis fête et célèbre la victoire de la vie sur le trépas, y compris notamment à travers des funérailles commémoratives. Le symbole de la victoire est désormais brandi à toute occasion festive de triomphe : Danses de sociétés secrètes, deuil, funérailles, etc.

La queue de cheval a fait du chemin déjà, et entend rester dans la cosmogonie et la sociologie Bamileke pour longtemps encore.

Sources: Camer Press

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