Blog Santé mentale & tabous

Témoignage d’une survivante du Cancer

26 mars 2021




La santé est une richesse dont on réalise souvent l’importance au moment de la perdre. Etre confronté à une maladie grave peut déclencher une énorme détresse ainsi qu’une multitude d'émotions contradictoires. Entre la surprise, la peur, la colère et la frustration, le stress engendré par cette situation médicale peut affecter la santé mentale sur un terme plus ou moins long. Comment en parler? à qui en parler?  et surtout comment vit-on l’annonce, les traitements, la rémission? La culture du secret dans certaines familles empêche parfois de dire ce qui ne va pas. On peut donc cacher sa maladie, s’isoler et refuser de socialiser.

La peur de répondre aux questions, de justifier les changements physiques et parfois même psychologiques. Est-ce facile de communiquer sur les maladies graves quand nous sommes la personne concernée?

Gerty Curier nous parle de son expérience.

Q: Bonjour Gerty, tu peux te présenter à ceux qui nous écoutent

Je m'appelle Gerty Curier, j'ai 54 ans et je suis maman de deux enfants âgés de 27 et 21 ans. J'ai exercé le métier de comptable pendant 34 ans en France hexagonale. Je vis actuellement en Guadeloupe, ma Terre natale.

Q: Pourquoi je souhaite faire ce témoignage? 

Il est important pour moi de témoigner, ouvrir la voie, montrer le chemin, et transmettre mon vécu à des femmes qui traversent l'ouragan d'un Cancer.

Mon histoire

Ce "cancer" s'est introduit violemment dans ma vie en 2017. J'ai passé un cap de la vie difficile et compliqué...Tumorectomie, Chimiothérapie, Radiothérapie

J'ai été très entourée par la famille, les ami(e)s, les soignants à qui je dis un grand MERCI. Ma plus belle cure de chimiothérapie, c'est L'AMOUR que j'ai reçu.


Q: Qu’est-ce qui m’a le plus fait souffrir?

Les traitements de chimiothérapies et de radiothérapies étaient difficiles à vivre au quotidien...mais j'ai davantage souffert de l'abandon de certains membres de la famille et des ami.e.s qui n'ont pas été présents;  peut-être par peur de la maladie ou par pudeur.

Q: Qu’est-ce qui m’a le plus aidée?

J'ai aussi trouvé du réconfort auprès de la famille et des ami.e.s notamment des mes copines de l'association Amazones Martinique qui m'ont boostée pour surmonter cette douloureuse épreuve.

Q: Qu’est-ce qui m’a le plus manqué?

De pouvoir lire, car je n'arrivais pas à me concentrer pendant les traitements.

Q: Qu’est-ce qui m’a le plus fait peur?

La mort m'a effleuré l'esprit un court instant, mais j'ai vite balayé d'un revers de main cette idée car je veux vivre de longues et belles années.

Q: Comment j'ai géré? 

La gestion s'est plutôt bien passée globalement. Mon objectif était de gagner cette bataille. Pour cela j'ai fait le choix de me faire accompagner par des thérapeutes professionnels.

Q: Qu’est-ce que cette expérience m’a apprise?

Aujourd'hui, j'ai envie de dire que cette épreuve est un "Cadeau". 

Elle m'a aidée dans mon cheminement vers une nouvelle vie, de nouvelles pistes.

Q: Quel est mon regard sur la santé mentale aujourd’hui?

Il est important d'être en phase avec son "moi".

C'est mon bien-être au quotidien pour une meilleure libération des fardeaux.


Q: Quels sont les changements que j’ai effectués dans ma vie depuis lors?

J'ai fais un choix radical, j'ai tout quitté à Paris pour m'installer en Guadeloupe. C'est une renaissance.

Q: Quels autres changements je souhaite effectuer?

Mon thérapeute m'a dit de transformer le plomb en Or (rires) alors j'apprends à apprécier tout ce qui me fait du bien.

Exemple : Assister au coucher de soleil au bruit des vagues. 


Q: Suis-je encore en souffrance?

Je ne suis plus en souffrance mais à chaque contrôle, je suis envahie par le stress.

Q: De quoi ai-je besoin pour me sentir mieux dans ma vie ?

J'essaie de me  débarrasser de tout ce qui est futile dans ma vie et des obligations sans intérêts.

Q: Quelles sont les ressources vers lesquelles je peux me tourner pour avoir de l’aide?

Je continue à me faire aider par des thérapeutes. Je suis sur le chemin de l'éveil.

Q: Si c'était à refaire, qu’est-ce que j'aurais changé dans mon parcours?

Globalement, tout s'est bien passé.

Q: Quels sont selon moi les principales causes des problèmes de santé mentale dans ma communauté?

Ce sont les mêmes problématiques que les occidentaux mais dans notre communauté cela reste encore un sujet tabou.

Q: Qu’est-ce qui selon moi devrait être changé?

Le comportement de certains professionnels de santé, et leur manque d'humanité ; j'ai eue l'impression que parfois certains oubliaient que nous sommes des humains et non pas juste un numéro de dossier.

Q: Qu’est-ce qui selon moi devrait être encouragé ou mis en place?

Plus de structures hors hôpital pour accompagner ces femmes en soins oncologiques de support.

Q: Quels conseils donner aux personnes qui traversent une situation similaire?

De ne rien lâcher. Seul, ce n'est pas facile à gérer au quotidien, d'où l'importance d'être accompagné par des thérapeutes compétents et les proches.

Q: Quelle est ma définition du bien-être et de la santé mentale?

S'extasier devant chaque chose qui rend heureux, même les choses simples qui peuvent illuminer la journée.

Q: Qu’est-ce que je fais pour préserver ma santé mentale et prendre soin de moi?

Aujourd'hui, j'ai cette opportunité d'être en vie alors je savoure chaque instant.

Il est vital pour moi d'aller vers ce qui est juste et bon pour mon bien-être.


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