Blog Immigration & Choc culturel

Vivre avec une double culture

March 25, 2021





Mon expérience d’immigrante qui navigue entre la culture ivoirienne et canadienne.



Q: Bonjour, tu veux bien te présenter à ceux qui nous lisent?

Je m'appelle Régina Ouapo et je viens de la Côte d'Ivoire, plus précisément de l'Ouest du pays. La Côte d'Ivoire est un pays avec une culture très diversifiée. En effet, on y trouve plus d'une soixantaine d'ethnies et c'est au milieu de cette multiculturalité que j'ai vu le jour, au sein d'une famille venant de différentes parties du territoire. Mes parents ont des dialectes différents, mon père est Dida et ma mère, Baoulé. Mon village se nomme Makobéri.


Q: Quelques mots sur ton parcours d’immigration

Mon parcours d'immigration n'a pas été trop difficile parce que j'ai eu la chance d'être parrainée par mon père. C’est grâce à lui que je suis aujourd'hui au Canada. C'est ensemble que nous sommes venus dans ce beau pays, car, lui, mon père était auparavant aux États-Unis. On a fait 3 jours de route du Texas à Toronto. On a également vécu beaucoup d'épreuves ensemble, avant d'avoir une vie un peu plus stable et notre joie s'est agrandie lorsque le reste de notre famille nous a finalement rejoints après plus de 4 ans d'attente. Mon père a beaucoup plus d'expérience avec l'immigration parce qu'il a fait 12 années sans voir sa famille. 

Je vis au Canada depuis 2013. Depuis mon arrivée au Canada, j'ai eu à faire du bénévolat dans différentes organisations. J'ai obtenu mon diplôme d'étude secondaire ici. J'ai suivi quelques formations et des cours d'anglais. J'ai également étudié à la Cité collégiale et pour l'instant, je vis à Ottawa où je travaille, dans un cabinet d'avocat comme adjointe juridique.


Q: Comment vis- tu le fait d’avoir une double culture?

Je trouve ça très agréable d'avoir une double culture, parce que je suis une personne qui aime découvrir et vivre au Canada m'a donné la chance de découvrir une culture autre que la mienne. Je trouve ça très beau de voir comment un mode de vie peut être différent d'une région à l'autre et cela me donne davantage envie d'aller à la découverte de nouvelles cultures. La double culture permet également d'avoir une ouverture d'esprit, quand on voit les gens vivre et agir différemment de là d’où on vient. 

L'autre avantage est que non seulement on apprend de la culture des autres, mais on peut également partager la nôtre avec fierté et l'une des occasions idéales pour le faire est par exemple la journée multiculturelle du Canada.  C'est également beau de voir des gens de différentes parties du monde dans un même pays et ça, je ne savais pas que j'allais avoir la chance de le vivre un jour, mais aujourd'hui, je peux dire que j'ai eu la chance de côtoyer les gens de différents pays comme les canadiens, les philippins, les chinois, arabes, américains, des antillais, les latino, les indiens, les ukrainiens, des gens d'autres parties de l'Afrique comme les camerounais, les congolais, togolais, béninois, les nigériens, ghanéen, des Tchadiens et j'en passe. 

L’un des plus grand défis est l’insertion sociale qui est très importante pour un immigrant en ce sens qu’il découvre une autre manière de vivre à laquelle il doit s'habituer. Il doit souvent laisser ses vieilles habitudes et se comporter comme les habitants du pays dans lequel il vit. En fait, il doit respecter les normes de conduite de ce pays. Un autre point peut être l'alimentation. 

Un changement de pays signifie également un changement d'alimentation, parce qu'il faut s'accoutumer au régime alimentaire des habitants de notre nouveau pays et même si on peut souvent trouver la nourriture de notre pays ici au Canada, moi en tant qu'africaine. 

Je visite souvent les marchés africains et je trouve ça très cher, mais au moins on a l’opportunité de manger les plats de chez nous quand on le veut. Un autre défi est la langue. Vu que le Canada est un pays bilingue avec l'anglais et le français, il faut pourvoir maîtriser ces deux langues ou tout au moins l’une d’elle. 

Je trouve que c'est un défi parce qu'il faut les parler couramment et c'est également le cas sur le plan éducationnel parce que je pense que l’anglais est la langue utilisée dans la plupart des écoles et universités ici. C'est pareil sur le plan professionnel, car la majorité des employeurs cherchent des personnes bilingues, alors, il faut vraiment beaucoup travailler sur son anglais.



Q: Comment vois-tu la différence entre toi et une ivoirienne née au Canada ?

Je pense que moi, en tant qu’ivoirienne née en Côte d'Ivoire et une autre ivoirienne née au Canada et qui n'a peut-être jamais mis les pieds dans son pays d'origine, je peux être différente en ce sens que j'ai eu à côtoyer les deux mondes. J’ai été en contact avec la terre de mes origines. J’ai eu à connaître également les réalités de mon pays, contrairement à elle, qui a peut-être seulement des informations grâce à ses parents qui lui parlent de la Côte d'Ivoire où par la télévision et les réseaux sociaux. 


Q: Quelle est la différence entre toi et une ivoirienne née en Côte d’Ivoire et qui n’a jamais immigré ? 

Une Ivoirienne née en Côte d'Ivoire et qui n'a jamais immigré, ne se fait que des idées de ce que pourrait être la vie d’un immigré, grâce aux informations qu'elle possède, contrairement à moi qui ai immigré et qui connais les réalités et les défis de l'immigration et plus précisément l'immigration au Canada, parce que je pense qu'en immigrant dans un pays à l'autre, on peut rencontrer certains défis spécifiques au pays dans lequel on immigre.


Q: Qu’est-ce que tu conseillerais aux parents d’enseigner à leurs enfants pour les accompagner dans leur intégration?

Je pense que les parents devraient dialoguer avec leurs enfants, leurs expliquer également certaines choses au travers de leurs propres vécus. Ils doivent également essayer de comprendre leur enfant et éviter de les frustrer. Le jeune doit savoir qu'il peut compter sur l'aide de ses parents quand il a des préoccupations. 


Q: Quand tu as immigré au Canada qu’est-ce qui te semblait difficile ?

Ce qui me semblait difficile à mon arrivée au Canada était l'intégration. Je me sentais désorientée et j'avais la nostalgie de mon pays et de ma famille que j'avais laissée en Côte d'Ivoire. La langue était également une barrière pour moi parce qu'il fallait communiquer et quand on ne comprend pas la langue du pays, c'est difficile. Le climat était également une autre chose à laquelle il fallait s’habituer, car très froid. 


Q: Qu’est-ce qui t’a aidée à t’adapter?

Ce qui m'a aidé à m'adapter est l'école, rencontrer de nouvelles personnes et les différents centres d'intérêts que j'ai eu avec le temps, comme la découverte des places historiques du pays, les musées et autres, les voyages. En fait découvrir la culture à travers différentes activités, le bénévolat et les expériences de travail. 


Q: Quels sont les facteurs qui influencent le bien-être des jeunes immigrants selon toi?
Les réseaux sociaux, étant donné qu’ils peuvent avoir des influences tant positives que négatives. Ça peut entraîner une perte de la réalité et une perte de temps, si pas utilisés avec modération. La mode est un autre facteur. Je trouve qu'il faut être original, être soit même et ne pas chercher à ressembler forcément aux autres, chercher à faire à tout prix ce que les autres font, à moins que ce soit des choses positives qu'on veuille copier, des choses qui pourront améliorer nos conditions de vies. Je pense que la mode peut être aussi un moyen de s'appauvrir souvent, parce qu'à force de vouloir ressembler aux autres ont fini par gaspiller nos revenus dans des choses qui sont au-delà de nos moyens comme par exemple, le dernier téléphone à la mode, la voiture la plus populaire du moment etc... Les addictions comme l'alcool, la drogue et la cigarette peuvent être des moyens non seulement de se ruiner économiquement, mais également de détruire sa santé et de perdre de vue ses objectifs. 

Q: Quels sont les problèmes qu’ils peuvent rencontrer?
Quelques uns des problèmes que les jeunes peuvent rencontrer est la mauvaise compagnie, le manque d'ambition et le fait de se faire des illusions. 

Q: Le rôle de l’école dans l’éducation?
L'école est très importante pour l'éducation, car ça nous permet non seulement d'avoir de la connaissance sur des sujets variés, de s’alphabétiser, mais également de nous faire un chemin dans la vie, grâce à une formation de qualité qui nous permet d'avoir un emploi stable, bien rémunéré et qui nous permet de subvenir à nos besoins quotidiens.


Q: Le rôle de la famille et des parents dans la vie du jeune ?

La famille et les parents sont très importants pour un jeune parce qu'ils sont source d’un grand soutien émotionnel pour lui. En plus, ils constituent le premier milieu social du jeune. C'est d'abord en famille qu'on reçoit notre éducation à travers les conseils et les prescriptions des parents. Ils ont pour rôle d'assurer également les besoins essentiels de leurs jeunes enfants. Les parents transmettent leur connaissance et des valeurs aux jeunes, avant ceux qu’ils reçoivent de l’extérieur au travers de l'école, des liens qu’ils forment avec les autres et également ceux des médias et livres.


Q: Est-ce utile de conserver sa culture d’origine quand on immigre? Pourquoi?

Oui, je pense que c'est important de conserver sa culture d'origine quand on immigre. Le seul point négatif que je peux dire la dessus est qu'il ne faut pas conserver certains aspects de notre culture qui vont à l'encontre des valeurs du pays dans lequel on vit. À part, ça je peux dire que c’est vraiment important de conserver sa culture car, quitter son pays d'origine ne fait pas de nous des personnes différentes, mais plus tôt des personnes qui ont décidé d’aller voir ce qui se passe ailleurs. 

Alors, pour cela on ne doit pas complètement changer. Ce sont les différences qui font la beauté de la vie. Il ne faut pas oublier là d’où on vient, mais plutôt être reconnaissant avec la terre qui nous a vu naître et ne pas manquer d'occasion de valoriser sa culture d'origine.





Q: Pourquoi certaines personnes perdent leurs repères?

Certaines personnes perdent leurs repères parce qu’elles n’ont peut-être pas eu de bonnes personnes pour les conseiller où parce qu’elles n'ont pas voulu écouter les conseils qu'on leur donnait. Ça peut être, également parce qu’elles ont fait de mauvais choix ou parce qu'elles ne savent pas quelle direction donnée à leur vie.

Q: Parle nous de quelque chose que tu aimerais valoriser de ta culture d’origine ?

J'aimerais valoriser la nourriture de chez moi, déjà que j'aime bien cuisiner, les tresses africaines et les vêtements africains également. 


Q: Comment soutenir les jeunes immigrants dans leur parcours scolaire et professionnel au Canada?

Je pense qu'il faut les soutenir en leur donnant l'appui nécessaire pour qu'ils y arrivent. Je vois qu'il y a déjà des centres d'aide pour les immigrants, ce que je trouve très bien, vu qu’ils forment les immigrants sur la manière de procéder pour se trouver un emploi au Canada. On les aide à trouver un emploi et à le maintenir. J’estime que c'est utile qu'il y ait plus d'organismes de ce genre. 

Qu'il ait également des conseillers qui aident les immigrants dans le choix de leurs carrières et des psychologue qui permettent aux nouveaux arrivants d’avoir une stabilité émotionnelle, car la tranquillité d'esprit est très importante pour de meilleures rendement sur tous les plans et également pour maintenir une bonne santé.


Q: Un conseil pour allier les deux cultures dans sa vie de tous les jours?

- Faire du bénévolat, participer aux activités sociales culturelles et réseauter pour mieux parler la langue et se faire de bons amis dans le pays d’accueil.

-Maintenir le lien avec sa communauté d’origine pour conserver sa langue et sa culture.


Partager :