Qui sont les Sénoufos ?

30 juillet 2021


Photo crédit: sénoufo

Les Sénoufo, peuple d’Afrique de l’Ouest, ne sont pas aussi nombreux que leurs voisins Malinkés et Peulh. En effet, on en dénombre à peu près 5 millions, répartis entre le Burkina Faso, le Mali et la Côte d’Ivoire où ils sont beaucoup plus nombreux.

L’agriculture est une seconde nature chez les Sénoufos vivant dans les régions rurales ; leur patronyme vient en effet du mot Sénanbèle qui signifie « ceux qui travaillent au champ » *. L’ensemble des sous-groupes ruraux qui composent cette ethnie sont donc majoritairement sédentaires et s’attèlent à la production de cultures vivrières et commerciales, même si leurs ancêtres vivaient une vie de nomade qui ne leur permettait de vivre d’activités telles que la chasse et la cueillette.  

De plus, contrairement à ce qui pourrait sembler monnaie courante dans l’Afrique précoloniale, les Sénoufo fonctionnent selon un système matrilinéaire. Le lignage de la mère - qui est le chef de famille - est au centre d’une structure sociale largement dominée par les femmes.

 

Origines

Il est quasiment impossible de remonter aux origines du peuple Sénoufo, dont les traces les plus anciennes remontent à une occupation de l’Est du Mali et de la frontière burkinabo-malienne. Certains mythes essaient de justifier cette obscurité autour du peuple Sénoufo, par le fait qu’il aurait été créé par Dieu lui-même. Il les aurait alors placés aux endroits exacts où ils se trouvent actuellement, ce qui vient être contredit par le passif migratoire de ce peuple.

 

Quelques éléments culturels Sénoufo

La musique est une donnée importante chez les Sénoufo. Leur instrument fard est le Balafon – sorte de xylophone sous lequel sont disposées des calebasses de tailles différentes permettant d’obtenir des sons spécifiques - qui accompagne toutes les cérémonies qu’elles soient festives, religieuses ou funéraires. Les musiques jouées ont une véritable signification verbale, si bien qu’on les appelle « chants de balafon »   **.

Les masques sont aussi une donnée importante en pays Sénoufo. Fabriqués comme des objets d’art banal par des sculpteurs, ils prennent toute leur dimension sacrée lorsqu’il a été utilisé dans un contexte qui s’y prête. Pour ce faire, le détenteur du masque se doit d’avoir les connaissances occultes nécessaires à la sacralisation du masque. Ainsi, alors que certains d’entre eux ne pourront vus que par les hommes ou par les initiés au Poro.

 

Immersion dans le Poro : cas des Sénoufos de Côte d’Ivoire

Le Poro est une société secrète de formation et d’initiation qui prépare le passage à la vie adulte. Il concerne spécifiquement le sexe masculin même s’il reste partiellement ouvert aux femmes lors de la première étape. 

Cette première phase appelée Poworo qui concerne les individus âgés de 7 à 12 ans, se base sur l’apprentissage des rudiments de l’agriculture - tels que l’utilisation de la petite daba*** - et de l’interprétation des symboles. Ensuite, la deuxième phase, le Konworo permet aux apprenants - qui ne sont que des hommes - de se former aux danses cérémonielles et à l’art de la guerre. Enfin, le Tyologo, la troisième phase, va venir parachever la formation de l’homme désormais d’âge mûr qui va apprendre entre autres la philosophie, l’art, l’histoire et la politique. Ainsi, au bout de 21 ans, il atteint le Kafo, le grade le plus élevé de l’initiation.

Durant son parcours, l’initié est soumis à différentes épreuves qui peuvent aller de la privation de nourriture à la flagellation. À la fin de ces dernières, il porte un nouveau patronyme, symbole de sa renaissance. 

Il est désormais lié à vie à ses compagnons d’initiation, seules personnes avec qui il est habilité à déchirer le voile ténu qui sépare le commun des mortels, des secrets de l’école du Poro.

 

 Sources:


*« Sénoufos ». 2021. In Wikipédia. https://fr.wikipedia.org/w/index.php?title=S%C3%A9noufos&oldid=183982288.

** Zemp, Hugo, et Sikaman Soro. 2004. « Paroles de balafon ». L’Homme. Revue française d’anthropologie, no 171‑172 (décembre): 313‑31. https://doi.org/10.4000/lhomme.24930.

***http://ekladata.com/Ae_4j9nmwr8EXS3IyKlNdz_U5XM/EXPOSE-PORO.pdf

     

Par Fatou Coulibali

 


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