Qui sont les Fons?

30 juillet 2021


CrĂ©dit photo: Danse vaudou au BĂ©nin 


Avec moins de 4 millions de membres Ă  son compteur, l’ethnie se localise majoritairement au BĂ©nin mĂȘme s’il est aussi possible de retrouver quelques communautĂ©s au Togo. Les populations sont caractĂ©risĂ©es par leur sĂ©dentaritĂ© et vivent traditionnellement de l’agriculture.

Si peu de sources documentent les origines du peuple Fon, nombreuses sont celles qui tĂ©moignent de son passĂ© de conquĂ©rant et de fondateur du royaume du Dahomey. 

FondĂ© vers 1600, ce dernier va baser sa prospĂ©ritĂ© sur le commerce des esclaves, se plaçant ainsi comme l’un des pionniers du milieu.

Outre son rĂŽle dans la traite atlantique, le royaume du Dahomey se distinguait par son rapport particulier Ă  l’art. En effet, l’art ‘dahomeyien’ s’inspire des cultures avoisinantes pour crĂ©er un style unique qui mĂ©lange savamment travail du bois, du mĂ©tal et de l’ivoire. Ainsi, l’art comme presque toutes les formes d’expression prisĂ©es par le royaume telles que les contes et les lĂ©gendes qui s’intĂ©ressent majoritairement Ă  la figure du roi.

 

Le Vaudou Fon

Le Vaudou - du mot Fon Vodoun qui signifie ce qu’on ne peut Ă©lucider, la puissance efficace1 -   est une religion animiste originaire du royaume du Dahomey, qui est encore trĂšs pratiquĂ©e au BĂ©nin et au Togo. Il est nĂ© de la rĂ©union de cultes faits aux divinitĂ©s Yoruba du NigĂ©ria et Fon du BĂ©nin.

La DĂ©esse suprĂȘme qui se nomme Mawu - ce qui signifie Dieu est grand - est la crĂ©atrice de tous les autres Vodous. Elle n’est donc pas accessible Ă  l’Homme et n’appartient pas au PanthĂ©on des dieux qui peuvent communiquer ou mĂȘme collaborer avec les adeptes du Vodou. Ces sous-dieux appelĂ©s Lwas, vont alors se matĂ©rialiser sous la forme d’objets ou d’élĂ©ments de la nature ; ils reprĂ©sentent chacun un domaine spĂ©cifique tel que l’amour, la connaissance ou encore la guerre*. Ces rĂ©partitions peuvent varier d’une zone culturelle Ă  l’autre.

Avec le commerce triangulaire marquĂ© par la dĂ©portation des esclaves en partance du continent, le Vaudou va s’exporter majoritairement en AmĂ©rique et aux CaraĂŻbes dans des pays comme HaĂŻti, le BrĂ©sil ou encore les États-Unis. 

Dans les communautĂ©s vaudouisantes, la spiritualitĂ© tient une place importante dans le bien-ĂȘtre de l’individu. Selon Marc Beauvoir, chef suprĂȘme du Vaudou haĂŻtien en 2015, « le vaudou guĂ©rit l’esprit, l’ñme et le corps. L’ñme est ce que nous sommes. Il contrĂŽle tout, toutes nos actions et nos esprits. »**.

Le Vaudou a donc des vertus thĂ©rapeutiques pour le pratiquant, Ă  l’instar d’ailleurs des croyances religieuses spirituelles qui peuvent selon Mytko et Knight « amĂ©liorer la qualitĂ© de vie des individus, en diminuant les effets nĂ©gatifs des Ă©vĂšnements stressants pour la santĂ© physique et Ă©motionnelle » ***.

 

Vaudou et idées reçues

Avec la colonisation, les religions africaines sont bien Ă©videmment aussi passĂ©es par la case du ‘primitif’ et de ce qu’il fallait absolument humaniser Ă  travers le Christianisme. C’est ainsi que la narrative impĂ©rialiste s’est Ă©vertuĂ©e Ă  leur associer des caractĂ©ristiques ‘diabolisantes’ de sorte Ă  justifier son discours. Le Vaudou en tant que religion animiste n’a pas dĂ©rogĂ© Ă  la rĂšgle et s’est retrouvĂ© affublĂ© d’un certain nombre de stĂ©rĂ©otypes. Le plus cĂ©lĂšbre, celui des poupĂ©es utilisĂ©es dans le but de nuire Ă  distance est en rĂ©alitĂ© une pratique du houdou, un folklore afro-amĂ©ricain qui a par la suite empruntĂ© quelques Ă©lĂ©ments vaudous. De mĂȘme, les sacrifices d’animaux systĂ©matiquement associĂ©s au Vaudou sont en rĂ©alitĂ© beaucoup plus rares qu’on ne le pense. En outre, la rĂ©putation pĂ©jorative du Vaudou est issue d’une lecture euro-centrique de l’Afrique dans son ensemble, que les africains ont eux-mĂȘmes fini par adoptĂ© sur certains points.

 Il apparait donc important que nous nous rappelions que ce n’est pas parce que des Ă©lĂ©ments culturels chez les autres Ă©chappent Ă  notre comprĂ©hension ou diffĂ©rent de nos croyances qu’ils sont rĂ©prĂ©hensibles. Parce qu’il n’existe pas de culture universelle, il ne devrait pas exister de lecture universalisante du monde. Seuls devraient subsister dans nos imaginaires, l’idĂ©e de mondes Ă©gaux qui se cĂŽtoient et qui seraient capables de s’enrichir mutuellement.     


Sources

*Hounkpe, Adjignon DĂ©bora Gladys. s. d. « L’éducation dans les couvents vodous au BĂ©nin » 5: 13.

 

 **« HaĂŻti / La santĂ© mentale entre les mains de guĂ©risseurs vaudou | UNADFI ». s. d. ConsultĂ© le 27 juin 2021. https://www.unadfi.org/domaines-dinfiltration/sante-et-bien-etre/pratiques-hygienistes-et-traditionnelles/haiti-la-sante-mentale-entre-les-mains-de-guerisseurs-vaudou/.

 

***Tapia-V, Alejandro, et Josue Tinoco-Amador. 2012. « ReligiositĂ©, spiritualitĂ©, bien-ĂȘtre et contextes : Ă©tude corrĂ©lationnelle dans deux villes mexicaines ». Bulletin de psychologie NumĂ©ro 517 (1): 65‑75.


    Par Fatou Coulibali

 


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