La santé mentale des immigrants somaliens

July 30, 2021


Crédit photo: CGTN

Selon Nicassio et Pate, le stress généré par l’immigration peut être comparable à celui vécu à la mort d’un enfant ou lors d’un divorce1. Cet état d’anxiété est d’autant plus accentué par les raisons du départ du pays natal, qui peuvent plus ou moins affecter le processus d’intégration du sujet. Associé à une certaine perte de repères culturels, ce stress peut provoquer des épisodes de perturbations mentales chez les immigrants.

C’est dans cette optique qu’une étude s’est intéressée à la santé mentale des Somaliennes au Québec au vu de l’importance de cette communauté au niveau de l’immigration. Elle a pour objectif d'identifier le mode d'acculturation de femmes réfugiées somaliennes et d'examiner les liens entre les variables démographiques (par exemple, l'âge), l'acculturation (modes, identité ethnique, compétences langagières) et l'ajustement (dépression, satisfaction de vie).


Résumé de l’étude

“L'échantillon se compose de 94 Somaliennes habitant la région d'Ottawa-Carleton. Leur âge varie de 18 à 50 ans avec un âge moyen de 32,72 ans. 63% sont mariées et 16%, célibataires ; 44% ont terminé l'école secondaire et 28,7% ont une éducation de niveau universitaire. Elles sont toutes nées en Somalie et leur durée de séjour au Canada varie de un mois à 13,8 années. Les raisons d'immigrer le plus souvent invoquées sont d'ordre politique (81,9%) puis familial (12,8%). Enfin, 25,5% revendiquent le statut de réfugié, 48,9% ont obtenu la résidence permanente et 24,5% sont citoyennes canadiennes. “3

“Au niveau du groupe, notre échantillon de réfugiées somaliennes affiche une préférence marquée pour l'intégration. Il faut qualifier toutefois cette conclusion. Les femmes plus jeunes ont tendance, elles, à vouloir participer pleinement à la culture canadienne et disent n'avoir aucun intérêt à retourner en Somalie. Élément inquiétant sur le plan de la santé mentale, ces jeunes femmes courent un plus grand risque de développer des symptômes de dépression. 

De même, celles qui sont venues au Canada pour des raisons d'ordre politique ont tendance à s'identifier avec la Somalie et sont moins satisfaites de leur vie au Canada. Des associations importantes ont aussi été démontrées entre la durée du séjour, l'identité ethnique et la discrimination. En particulier, celles qui ont vécu plus longtemps au Canada s'identifient davantage comme Canadienne et perçoivent plus de discrimination au niveau personnel et au niveau de la communauté somalienne “4.


 Que retenir?

Cette étude vient démontrer scientifiquement une corrélation entre perte de repères culturels, difficultés d’intégration et santé mentale. On peut aller plus loin en supposant un biais d’intégration et donc d’affectation de la santé mentale, liée à leur origine ethnique et à leur sexe. Cette problématique vient réaffirmer l’importance de structures telles que l’Institut Résiliences qui mettent en avant la prise en charge du bien-être et de la santé mentale sous un prisme culturel.


Sources

1CASSIO, P.M., PATE, J.K., 1984, An analysis of problems of resettlement of the Indochinese refugee in the United States, Social Psychiatry, 19, 135-141

- Young, Marta. s. d. « Acculturation, identité et bien-être : l’ajustement de réfugiées somaliennes ». Santé mentale au Québec, 21.

Par Fatou Coulibali 


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