Blog Paroles d’hommes

La souffrance des hommes

March 26, 2021




On parle tellement de la souffrance des femmes et des enfants dans les relations familiales/conjugales défaillantes, qu'on en arrive presque à oublier celle des hommes. Il ne s'agit pas pour moi de comparer le niveau de souffrance (ce qui serait sans objet), mais plutôt de porter le regard sur un aspect très souvent oublié.

 

Certes, il existe des hommes maltraitants et incapables d'aimer et de respecter leurs conjointes, mais d'un autre côté, il existe aussi des hommes bien, parfois malmenés par des femmes sans scrupules, ou encore frappés par des circonstances malheureuses de la vie dont ils se remettent difficilement.

 

De mon constat, les hommes expriment différemment leur détresse et font rarement appel à l'aide. Que ce soit par égo, par éducation ou tout simplement par adhésion à une norme culturelle de comportement.


Pendant l'enfance, nous pouvons déjà observer une différence dans l'enculturation des petites filles et des petits garçons. Par exemple, les parents réagissent différemment face aux larmes d'une petite fille par rapport à celles d'un petit garçon :

« Arrête de pleurer tu n'es pas une fille »

« Un homme ne pleure pas »

« Tu es trop faible, toujours à pleurer comme une fille »

« Un homme doit être fort, essuies vite tes larmes »

 

Un peu comme si un homme n'avait pas le droit d'exprimer ses émotions. On comprend donc que très vite, les hommes vont apprendre à contenir leurs émotions "négatives " et à masquer leurs déceptions et leurs souffrances. Par souci de conformité sociale et aussi plus tard, par virilité. Souffrent-ils pourtant moins pour autant ?

 

Voici quelques situations pouvant générer de la détresse ou de la souffrance émotionnelle chez un homme (même s'il ne le montre pas et n'en parle pas) :

· Les abus dans la relation : violence émotionnelle, exploitation sentimentale ou financière

· Les trahisons : par exemple lui attribuer volontairement la paternité d'un enfant qui n'est pas le sien sans qu'il ne le sache. Beaucoup l'apprennent des années plus tard ou au détour d'une situation imprévue

· Le mépriser et l'insulter constamment (communication violente) : Tu ne vaux rien, Prends exemple sur X, Tu n'arriveras jamais à rien, etc.

· Lui refuser tout soutien émotionnel quand il traverse des situations difficiles et le menacer d'abandon s'il ne règle pas vite la situation

· Ne jamais s'intéresser à ce qu'il ressent, mais uniquement chercher à préserver ses propres intérêts quand il se trouve dans des problèmes

· Le rejeter physiquement et émotionnellement

· Le contredire constamment en ce qui concerne l'éducation des enfants : rejeter ce qui vient de lui et vouloir imposer sa seule volonté. Parfois même saper son autorité auprès des enfants

· Rompre la relation du jour au lendemain pour quelqu'un d'autre

· Demander le divorce (pour ceux qui sont mariés)

· Le deuil d’une personne qu'ils aiment (parents, frères/sœurs, femme, enfants, amis). Le deuil est parfois difficile vu qu'ils n'extériorisent pas facilement leurs émotions.

 

Dans beaucoup de cultures, on attend de l'homme qu'il soit réservé, discret et impassible face à des événements douloureux. Quoi qu'il arrive, il doit garder la maîtrise de soi et ne pas se laisser submerger par les émotions.  Comment donc être surpris quand devenus adultes, ils ne disent mot, se renferment sur eux ou deviennent ultrasensibles et colériques ?


Un homme blessé dans son amour propre ne va pas se mettre à pleurer et à appeler tous ses potes pour leur raconter ce qui lui est arrivé. Un homme blessé dans son orgueil va probablement se mettre en colère. Il deviendra irritable et extrêmement vulnérable.

 

Les statistiques sur les troubles de santé mentale démontrent que les hommes se suicident plus que les femmes, tandis que les femmes sont plus diagnostiquées de dépression que les hommes. Pourquoi ?

Les hommes consultent moins, et donc leur dépression est moins diagnostiquée et traitée.


Ceux qui consultent sont évalués par des critères classiques de la dépression. Critères qui correspondent davantage aux symptômes qu'on retrouve chez les femmes que chez les hommes. Résultat des courses : on passe souvent à côté du bon diagnostic. La plupart des études sont basées sur un échantillon majoritairement féminin (Personnes qui consultent en majorité) Quelle leçon en tirer ?

 

Les hommes souffrent tout autant que les femmes. Seulement, ils ne l'expérimentent pas de la même façon. Après une rupture amoureuse par exemple, pendant qu'une femme ira pleurer et vider des bols entiers de glace chez sa copine, ou encore passera des heures au téléphone avec cette dernière, un homme lui, aura un comportement tout à fait différent : sautes d’humeur imprévisibles, comportement agressif et violent, irritabilité, isolement plus ou moins long, sport intensif, journées de travail interminables, consommation accrue d'alcool, de drogues, de cigarettes, succession de conquêtes féminines pour réparer son égo, troubles alimentaires (gain de poids), pleurs en cachette.

 

Il demandera rarement de l'aide, même s'il sent qu'il ne s'en sort pas. Question de virilité. Il ne veut absolument pas avoir l'air faible et refusera souvent d'admettre qu'il fait une dépression.


Yann V. TSOBGNI


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