Les rites de passage à l’adolescence, regards croisés.
25 mars 2021
L’adolescence est souvent considérée comme un passage. ce passage est de plus en plus long dans notre société et les adolescents embarrassent souvent les adultes quelles que soient leur tolérance et leur manière de se les représenter. parfois, il s’agit de faire taire les jeunes parce qu’ils sont trop bruyants. D'autres fois, il faut les rendre presque invisibles parce qu’ils ont des manières peu convenables ou qu’ils remettent en cause le modèle porté par les adultes. Or, dans toutes les cultures, des façons de régler et de réguler les difficultés de passage d’un statut à un autre – dont le passage adolescent – sans trop d’angoisse pour les novices et pour les adultes déjà initiés, existent.
Dans nos sociétés dites modernes, complexes et métissées, le risque pour les adolescents de se perdre et de rester en marge semble plus grand, comme si les processus d’agrégation s’effaçaient avec les fonctions qu'ils remplissaient. Certains de ces adolescents en souffrance d’agrégation et de rencontres signifiantes semblent errer dans cette marge épaisse, comme livrés à eux-mêmes et ayant perdu le sens du groupe et des appartenances. Sans agrégation dans la société, ils restent en dehors de celle-ci. elle « ne peut rien sur eux et d’autant moins qu’ils sont proprement sacrés et saints, par la suite intangibles, dangereux, tout comme seraient des dieux ».
Dans les situations humaines comme l’hospitalité, l’adoption, la grossesse, la naissance, l’enfance, la puberté, l’initiation, l’ordination des prêtres, le couronnement des rois, les fiançailles ou le mariage, les voyages touristiques ou migratoires, les funérailles, etc., il y a des moments douloureux de séparation, des moments angoissants d’attente, avec des interdictions ou des tabous et des prescriptions plus positives, des volontés.
Dans ce temps d’attente dans la marge, des menaces identitaires pèsent sur le sujet. mais il y a aussi et surtout des moments joyeux de retrouvailles. c’est à amoindrir les effets nuisibles de ces changements de situation que sont destinés un certain nombre de rites de passage.
Souvent, l’entrée dans l’adolescence est marquée par la puberté, véritable passage physiologique. Ces rites consistent en des cérémonies dont l’objet est identique : faire passer l’individu d’une situation déterminée à une autre tout aussi déterminée. Chaque société générale contient plusieurs sociétés spécifiques.
Sur le plan sociologique, les rites de passage ont une évidente fonction de détermination des statuts. La société impose que le statut de chacun soit rendu public d’où le côté contraignant des rites de passage, même si cette contrainte est intériorisée par les individus. « la tradition le veut », « il faut » se marier, faire des offrandes…
Sur le plan psychologique, les rites de passage ont une fonction d’aide et de sécurisation des individus à des moments cruciaux de leur existence, lors de bouleversement psycho-physiologiques (puberté, accouchement…) ou psychologiques (mariage, paternité, accession à une charge professionnelle ou sacerdotale, perte d’un être cher, ou de protection lors des voyages). Le temps du voyage est particulier, parfois sacré. Les rites de passage les plus intenses sont ceux qui célèbrent les « premières fois » ou les événements uniques. ils permettent de surmonter l’appréhension de la nouveauté, la peur de l’inconnu, toujours perçus comme dangereux. mais les rites de passage ne sont pas seulement des cocons protecteurs, ils sont aussi source de métamorphose psychique, de transformation parfois profonde de la personnalité. C'est le cas notamment pour certains rites initiatiques qui sont, avant tout, des rites de passage.
Pour l’adolescent de parents africains qui vit en France, qu’il y soit né ou non, son métissage culturel est une caractéristique. La tradition et les rites peuvent apparaître comme un obstacle à ce métissage. En réalité, sauf quelques rares cas d’utilisation rigide des rites ou de mécanismes de défense peu appropriés, c’est tout le contraire qui s’observe. Un peu comme si, pour s’approprier le monde dans lequel il vit, l’adolescent avait besoin de s’affranchir des obligations prescrites par la culture de ses parents en accomplissant certains rites de cette culture transmise. Parfois, les objets rituels ou même la personne habilitée à accompagner le novice sont restés en Afrique. Le lieu même du rite qui est sacré et parfois secret ne peut être déplacé. Il faut alors à l’adolescent et sa famille, se rendre au pays pour accomplir cet acte qui s’impose à eux. Dans la grande majorité des cas, la famille revient au complet en France. ce voyage est souvent prévisible et les choses se passent simplement même si quelquefois, dans les cas de
Ahovi,J. 2010. Extrait “Rites de passage et adolescence”.
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